La scale-up namuroise vient de boucler une levée de 25 millions d’euros auprès de nouveaux investisseurs et de ses partenaires historiques, dont Amazon. Le tour de table servira à soutenir la croissance aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en France, ses trois marchés les plus prometteurs.

Le spécialiste de l’apnée du sommeil prend une grande inspiration. Deux années après avoir bouclé une levée e fonds de 17 millions d’euros, l’entreprise vient de finaliser un nouveau tour de table. Sunrise a cette fois obtenu 25 millions d’euros de la part de ses investisseurs, une somme record pour la société de 80 travailleurs installée du côté de Namur et la Californie.

L’opération est menée auprès de quelques nouveaux soutiens, ainsi que les actionnaires historiques de l’entreprise. “On a notamment pu compter sur le fonds Eurazeo. Noshaq rentre également. En parallèle, nos soutiens de longue date comme Amazon et Wallonie Entreprendre ont également suivi”, indique Laurent Martinot, le CEO et cofondateur de l’entreprise.

Depuis 2015, Sunrise s’attaque à un sujet coriace, motivé par un constat qui a de quoi faire bâiller. Dans le monde, un milliard de personnes souffriraient d’insomnie, due en bonne partie à l’apnée du sommeil. Parmi eux, ceux qui disposent d’une prise en charge sont encore loin d’être majoritaires. Comment est-ce possible ? “La situation s’explique par la manière dont est aujourd’hui organisé le trajet patient. Il y a un gros problème de manque de médecins spécialisés”, indique Laurent Martinot.

Un spécialiste du sommeil pour un stade de foot

“Aux Etats-Unis, il y a en moyenne un spécialiste du sommeil pour 43.000 personnes, soit l’équivalent d’un stade de foot. Il y a donc des mois d’attente avant d’espérer obtenir un rendez-vous”, explique-t-il. L’autre gros frein vient du diagnostic lui-même. “Aujourd’hui, il y a soit le test en hôpital qui est très complet, mais particulièrement inconfortable soit celui réalisé à la maison qui manque encore parfois de précision. Dans certains pays d’ailleurs, s’il est négatif, il faut en faire un supplémentaire à l’hôpital”, indique le CEO.

Face à ce constat, son entreprise pense avoir enfin trouvé la recette miracle. Posée sur le menton, sa petite technologie, qui en est à la sa troisième version, analyse les micromouvements mandibulaires. Elle permet de faire une analyse à domicile avec une précision toujours aussi grande. “Désormais, on peut, par exemple, faire la différence entre l’apnée obstructive et l’apnée centrale, ce qui est crucial pour déterminer quel est le meilleur traitement à fournir”, indique le CEO. Voilà pour le volet diagnostic.

Une solution à 150 dollars

Pour le manque de médecins spécialisés, l’entreprise pense également avoir trouvé la parade, en développant un suivi à distance via sa clinique digitale. “L’objectif est de faire gagner du temps aux médecins et leur permettre de se concentrer uniquement sur le suivi du patient”, précise Laurent Martinot.

Sunrise s’est donc officiellement attaqué à la question l’année dernière, en rachetant un petit acteur californien de la médecine à distance, qu’il a rapidement fait croître. “On est passé d’une équipe composée d’un médecin à temps partiel et d’une infirmière à une clinique accessible à 177 millions d’Américains, via une collaboration avec 500 médecins qui prescrivent notre solution”, explique le patron.

Avec une telle progression, l’entreprise espère rapidement faire de sa technologie un outil largement utilisé par les médecins. “Notre solution coûte environ 150 dollars avec un reste à payer d’environ 15 %. On est donc très compétitif puisqu’un test en clinique tourne aujourd’hui autour de 3.500 dollars”, explique le patron.

50 millions levés en dix ans

Si la cible principale est pour l’heure le marché américain, Sunrise se penche avec intérêt sur deux autres pays. “Au Royaume-Uni, qui dispose d’un système de soin de santé particulier, nous venons d’être renseigné parmi les trois solutions promues par le Nice (National Institute for Health and Care Excellence, NDLR). C’est un accélérateur énorme dans ce pays où chaque hôpital choisit librement les traitements qu’il rembourse.”

L’autre marché prioritaire est la France où Sunrise vient de participer au programme de “forfait innovation”. “C’est, en quelque sorte, la voie rapide pour obtenir le remboursement de son traitement. On vient de finaliser l’étude et on attend les résultats dans les prochains mois.” S’ils sont bons, Sunrise pourrait alors se lancer sur ce marché dans les prochains mois.

Comme à son habitude, le patron ne souhaite toujours pas donner la moindre information sur les revenus générés. “Je peux simplement dire que la croissance aux Etats-Unis a été très forte au cours des 12 derniers mois”, explique-t-il. Ce nouveau tour de table doit, par ailleurs, permettre au groupe de se rapprocher de la profitabilité. “L’ambition, depuis désormais plusieurs mois, est de l’atteindre à l’horizon 2028. Une dernière levée de fonds, beaucoup plus petite, pourrait être nécessaire, mais nous sommes toujours en bonne position pour atteindre notre objectif.” Au total, depuis sa création, l’entreprise a déjà glané plus de 50 millions d’euros auprès des investisseurs.

Article écrit par Arnaud Martin, publié le 25 septembre 2025.

Voir l’article sur L’Echo.